Bientôt une liste officielle par l’Anses
En 2018, plusieurs organismes publics, dont l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) avait considéré que la France était lacunaire sur la question de la surveillance des perturbateurs endocriniens, notamment en comparaison avec d’autres pays de l’Union européenne. En vigueur d’ici 2022, la seconde Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens intègre l’obligation pour l’Anses de publier d’ici 2021 une liste complète de perturbateurs endocriniens afin d’informer la population de manière transparente. Ces derniers seront classés en trois catégories distinctes : les PE « suspectés », « présumés » et « avérés ». Qu’en est-il vraiment et qu’est-ce que cela va concrètement changer pour les consommateurs ? Tour d’horizon.
Une liste officielle divisée en trois parties
Ayant pour objectif affiché de renforcer la protection et l’information de la population, le projet prévoit de dresser une liste officielle divisée en trois catégories :
– Les perturbateurs endocriniens suspectés
– les perturbateurs endocriniens présumés
– les perturbateurs endocriniens avérés.
L’intérêt est d’informer les consommateurs sur la présence de nombreux composés chimiques encore méconnus et pourtant présents dans des produits de consommation courante. Ces derniers peuvent en effet avoir des effets néfastes sur la santé humaine, comme des problèmes de fertilité, des cancers, des difficultés comportementaux et d’attention, des retards de croissance, une puberté précoce… Si les consommateurs en connaissent quelques-uns, notamment du fait de leur très large médiatisation (le Bisphénol A, les glyphosates ou encore les parabènes par exemple), d’autres peinent à être connus (comme le cadmium présent dans le tabac et pouvant causer des problèmes respiratoires et de l’ostéoporose).
Par la mise en place de cette liste, la France rattrape son retard et se positionne même à l’avant-garde sur cette problématique. A l’instar du classement opéré pour les substances cancérigènes, celui des perturbateurs endocriniens sera lui aussi divisé en plusieurs catégories, pour plus de pertinence et de transparence. Cela permet aussi de pallier les lacunes de la définition européenne de 2017, qui excluait les PE suspectés et ne prenait en considération que les biocides et produits phytosanitaires. Désormais, même les PE présumés et suspectés sont renseignés.
Un classement utile mais insuffisant
A l’annonce de ce projet par le Gouvernement, de nombreuses ONG ont dressé la liste des éléments manquants, bien qu’elles considèrent que cette prise de décision est une première avancée satisfaisante.
Le classement des PE en trois catégories différentes est une mesure particulièrement importante, notamment au regard de la définition aujourd’hui utilisée au niveau européen. Cette définition européenne se positionne dans un contexte assez complexe où la définition des perturbateurs endocriniens est exigeante. La preuve de leur toxicité avérée doit en effet être apportée. Or, désormais, l’idée est de définir ces PE selon plusieurs catégories, ce qui permet de faire une distinction satisfaisante entre les différentes situations. Cela permet aussi par la même occasion d’appliquer le principe de précaution.
Cependant, les ONG regrettent que ce classement ne prenne pas en compte l’effet cocktail qui peut s’avérer particulièrement néfaste sur la santé humaine, principalement pour les personnes considérées comme « à risque » : les enfants, les personnes âgées…
La création d’un site d’informations grand public
Les ministres de la Santé et de la Transition écologique ont également proposé de créer courant 2019 un vaste site d’informations destiné au grand public et ayant pour objectif d’informer sur les produits chimiques présents au quotidien. Parmi ces produits chimiques, on retrouve les perturbateurs endocriniens, ces substances nuisibles qui peuvent avoir des conséquences néfastes sur l’organisme à plus ou moins long terme. L’objectif est aussi par cette occasion d’améliorer la formation des personnels de santé et de financer toutes les recherches scientifiques précisément sur le sujet. Enfin, le projet prévoit aussi un vaste travail de concertation afin de guider les industriels dans leur activité et les inciter à substituer ces PE contre des produits sains et autres alternatives.
Une absence d’étiquetage des PE
Ce projet a été remis en question par plusieurs ONG qui considèrent qu’il reste quelques lacunes. Parmi ces dernières, la regrettée absence d’étiquetage de tous les produits contenant des perturbateurs endocriniens, qu’ils soient suspectés, présumés ou avérés. Certains estiment ainsi que cette absence d’étiquetage ne va pas dans le sens d’une protection des consommateurs. Or, le meilleur moyen d’informer resterait cet étiquetage qui fait ici défaut.
Ce plan apparaît toutefois assez satisfaisant, en ce qu’il permettra d’informer de manière plus complète les consommateurs et offrira aux ONG la possibilité de viser directement les produits qui contiennent ces PE. Ils pourront ainsi agir face aux pouvoirs publics et aux fabricants en se basant sur cette liste.
Quoi qu’il en soit, les perturbateurs endocriniens restent toujours aujourd’hui fortement pointés du doigt tant ils sont nocifs pour l’organisme humain ainsi que pour les animaux. Vous êtes un particulier ou un professionnel et vous souhaitez savoir si votre environnement contient un ou plusieurs de ces substances nuisibles ? Première offre analytique clés en main à destination du grand public, Perturbateur Endocrinien intervient pour rechercher, analyser, quantifier et éliminer les PE présents dans votre environnement.